La crise du Covid-19 a provoqué un effort sans précèdent des états pour maintenir les nations en fonctionnement.
Oui des motifs humanitaires ou encore sécuritaires ont prévalu.
Oui d’autres motifs plus politiques (UK, USA, France…) se sont imposés à des gouvernants surpris par l’ampleur de la pandémie et qui tardivement ont mesuré les conséquences désastreuses quant à leur réélection.
Oui tout cela a transformé les plus anarchistes en colbertistes…
En attendant tout ça impose fortement de réfléchir aux lendemains « sortie de guerre » de nos économies qui traversent à la fois une crise de l’offre mais aussi de la demande avec de surcroit un chômage de masse qui ne sera pas résorbé demain !
Le problème c’est que ce cas de figure qui ressemble oui à une « sortie de guerre » en termes absolus (GDP), n’a pas été prévu en théorie.
Non ce n’est pas une situation avec des capacités de productions et des infrastructures détruites et un marché du travail « ajusté » par le nombre de morts :
Tout est encore là !
Autre subtilité dans ce contexte particulier. Elle concerne le système bancaire.
Historiquement les banques accélèrent les hausses (en période de boom) mais aussi les baisses quand ça va mal et ou les exigences oubliées lors de l’euphorie deviennent soudain un préalable.
Il ne faut pas se leurrer. Malgré toute la bonne volonté du monde, le cout du risque va se détériorer dans Les bilans bancaires et leur propension à financer la reprise en sera, pour rester poli, surement contrariée.
Faut-il parler du sujet des dations dans les bilans qu’il faudra un jour traiter avec la responsabilité qui a toujours fait du secteur bancaire marocain un exemple aux meilleurs standards ?
Ne nous leurrons pas : les banques nationales seront au cœur de la reprise.
Les gouvernants c’est certain veilleront prioritairement à maintenir un équilibre social et pour ce faire, leurs budgets seront essentiellement consacrés à ça et elles ne pourront se substituer aux opérateurs économiques.
Keynes n’avait pas non plus prévu ce cas de figure Covid-19 !
En termes pratiques : il faudra pour repartir, immanquablement sortir/trouver des fonds propres.
Et pour ça il faudra non seulement une très grande dose de confiance en l’avenir mais aussi et à mon sens un ajustement très significatif à la baisse du cout de tous les actifs : productifs ou non.
J’ai récemment lu une recommandation de parti politique de baisser le prix des actifs immobiliers de 10%…
Il faut prendre le temps de regarder comment les économies anglo saxonnes ont pu repartir post crises avec un ajustement des prix des actifs très violents (au-delà de 50%) qui ont largement inspiré la sortie de crise espagnole de l’immobilier.
Les agents anticipent dès à présent la baisse, et au risque de bloquer durablement la reprise, les ajustements doivent être rapides.
Maintenant peut-on contraindre administrativement les opérateurs à baisser le prix des actifs et aussi remettre des fonds propres.
Évidemment non !
Il existe néanmoins des outils qui les pousseront à revoir le mode de fonctionnement actuel.
L’Etat qui comme on l’a dit sera plutôt préoccupé par l’équilibre social et la mise à niveau des faiblesses constatées lors de cette crise, pourra néanmoins aider à pallier la crise des fonds propres à l’aide des instruments en sa possession.
- En rendant la rente sans « intérêt » (mauvais jeu de mot j’en conviens !) par l’arme des taux et de la fiscalité
- En nationalisant totalement ou partiellement des entreprises stratégiques qui ne peuvent survivre
- En favorisant les interventions massives de la CDG, des fonds d’investissement et des marches financiers
- En Mettant d’urgence en place les outils qui contreront le repli productif européen certain à la suite de cette crise
- Enfin en suspendant avant leur mise à plat tous les ALE actifs
Les banques quand a elles connaissent parfaitement les sujets, comme le tissu productif (ses atouts et ses faiblesses) ainsi que le patrimoine de ses operateurs.
Non pas besoin d’assises ! mais plutôt d’une réflexion secteur par secteur sur les mesures et l’objectif ad minima triennal qu’ils arrêteront avec leurs clients.
Autrement dit les financements ne pourront plus être conditionnés uniquement par l’obtention de garanties ou cautions, mais d’abord par la présentation de plans de développement et de choix de gouvernance, solides.
Oui le système bancaire peut imposer au meilleur moment la vérité trésorerie en exigeant le « repayement » des dettes et en contraignant soit à une baisse du cout des actifs soit à une injection de fonds propres.
De toute façon c’est leur pain quotidien. Il s’agit à mon sens de l’industrialiser en cette période de sortie de crise.
Je voudrais dire enfin combien la question de l’argent sorti du système bancaire est une préoccupation majeure.
Inutile de refaire le topo Epargne/Investissement connu de tous, mais il est urgent de trouver une solution.
Ne nous leurrons pas cette solution passera par 2 actions devenues indispensables :
- La sanctuarisation réelle des dépôts bancaires (ces histoires d’ATD… doivent cesser) et une remise en confiance qui dépasse la simple amnistie
- Probablement un changement administratif de la monnaie en circulation contraignant les agents économiques à remettre la monnaie fiduciaire dans le système.
On le voit Banques et Etat détiennent sans nul doute les clés de la reprise durable de notre économie voire d’un nouveau mode de fonctionnement plus vertueux.
Les premiers mois seront durs mais ça sera sans nul doute le prix à payer.
Quelques mots sur Rachid Tlemçani
Rachid Tlemçani possède une riche expérience de près de trente ans dans le domaine de la fusion-acquisition au Maroc et en Afrique. Avant de fonder H2dev, Rachid Tlemçani a été le fondateur d’une des premières banques d’affaires au Maroc et a participé activement aux grandes opérations de privatisation et de fusion-acquisition au Maroc, notamment la privatisation de Maroc Télécom et l’acquisition de Wafa Bank. Rachid Tlemçani a également occupé des postes clés tels que président de la Bourse des valeurs de Casablanca et directeur central du Groupe ONA/SNI.
Depuis la création de H2dev en 2008, Rachid Tlemçani a développé une expertise de conseil financier et stratégique sur mesure pour des entreprises marocaines et régionales.